Le devenir du Parc Naturel Marin de l’Estuaire de la Gironde et des Pertuis charentais

26 février 2018 à 14:02

Il s’agit du 7ème Parc Naturel Marin (PNM) français, crée le 4 avril 2015 par décret du Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie. Il couvre 6500 km2 d’espace marin sur la façade atlantique et s’étend jusqu’à 50 mètres de fond. Le PNM comprend la totalité d’un vaste site Natura 2000. Il est désigné au titre de la directive « Oiseaux » de 1979 (vise la protection des habitats liés aux espèces d’oiseaux les plus menacés au niveau européen via les Zones de Protections Spéciales). La directive « Habitats » de 1992 est également désigné car elle concerne plus de la moitié du site (vise la protection des habitats naturels et des ceux des espèces animales et végétales via les Zones spéciales de Conservation). Elles ont pour rôle de définir au sein de l’Union Européenne, les territoires les plus intéressants d’un point de vue de la biodiversité.

La gestion de ces sites est confiée au PNM, afin de ne pas multiplier les structures et assurer la cohérence des objectifs et des actions. Cela illustre donc que le territoire du parc est riche d’un point de vue environnemental tout en étant un espace complexe liés aux conflits d’usages existants. Une gestion durable est nécessaire et celle-ci doit se construire avec l’aide de tous les acteurs concernés utilisant le littoral, vecteur de l’économie maritime régionale.

(Source : http://www2.developpement-durable.gouv.fr/Un-parc-naturel-marin-sur-l.html)

Les aménagements côtiers et portuaires ainsi que l’entretien des zones de navigation par le dragage peuvent modifier l’équilibre des écosystèmes. Le PNM prévoit donc de veiller à la bonne qualité des eaux estuariennes et marines, car il se trouve dans un périmètre particulièrement attractif pour de nombreuses activités (commerce, pêche, tourisme, plaisance…). Il aidera au développement durable de celles-ci dans le respect du milieu marin. Représenter tous les acteurs dans la gouvernance de ce vaste espace marin, concernant trois départements de la Nouvelle-Aquitaine, est l’un des défis du parc.

Cependant, la légitimité des PNM semble aujourd’hui fragilisée. Le Président du PNM, Philippe Plisson a été reçu par Nicolas Hulot, Ministre de la transition écologique et solidaire, ainsi que les autres présidents. En effet, ils s’opposent à la suppression d’une prérogative majeure : la possibilité pour leurs structures de rendre des avis conformes que les autorités doivent obligatoirement suivre sur les dossiers souvent sensibles. Il s’agit d’une question de crédibilité, comme cela a été le cas pour le PNM estuaire de la Gironde et des pertuis, lorsqu’il a rendu un avis défavorable à la demande de concession pour l’exploitation de granulats marins du côté de Royan.

Philippe Plisson a affirmé que si cette compétence ne leur est pas redonné, il en fera un « casus belli ». Si le gouvernement ne change pas d’avis, les présidents des PNM donneront leur démission. Il y a un véritable manque de moyen pour le PNM de l’estuaire de la Gironde. Ils ne sont que 7 personnes pour environ 800km de côtes répartis sur 3 départements différents. 20 personnes seraient nécessaires pour effectuer tout le travail. Nicolas Hulot a répondu « qu’il n’y a plus d’argent » et n’a donc rien promis.

Quelles sont alors les priorités du gouvernement d’un point de vue environnemental, notamment pour le littoral ? Est-ce que les PNM tendent à devenir obsolètes à cause de moyens insuffisants ? De quelle manière travailler en bonne intelligence avec les acteurs de toutes les activités confondues et parvenir à une gestion durable de l’espace maritime ?


Perrine Brullon (Chargée d’études/de projets Aménagement durable, environnement et littoral)