Université d’été E5T, Sup de Co La Rochelle, 24 et 25 août 2016

31 août 2016 à 13:00

Les paradoxes de la croissance bas carbone, de l’Accord de Paris aux solutions de la COP22 ?

L’initiative de cet événement est la mise en exergue de l’enjeu d’urbanisation, devenu majeur pour toutes les villes, notamment littorales. La démarche RSE est une véritable opportunité d’innovation. Il s’agit aujourd’hui de construire un monde nouveau qui soit viable et durable économiquement. Nous devons développer des villes intelligentes et par conséquent impulser de nouveaux modèles. La Rochelle est à ce titre une ville dans cette mouvance.

Concernant le prix du carbone, il faut introduire les coûts des nuisances sonores qui impactent sur les problèmes sanitaires , car il existe de nombreux dommages climatiques. Il demeure beaucoup trop d’incohérences vis-à-vis de l’environnement. Ne serait-ce qu’au niveau budgétaire, où sont allouées des sommes considérables, encore aujourd’hui, aux énergies fossiles. En parallèle de la production de ce type d’énergie, 57% de la population mondiale sont des femmes et celles-ci sont souvent les premières victimes du changement climatique, car elles restent sur des territoires qui ne produisent plus rien. Cela est notamment dû à ce type d’exploitation, qui détruisent les milieux naturels.

La transition énergétique au niveau national et international est difficile, car il y a beaucoup d’enjeux à considérer. La COP21 a eu lieu car la population mondiale a exprimé des attentes. Idée : 0 émission avant la fin du siècle en cours, ce qui est concret pour les entreprises. La première réaction est de dire « impossible », néanmoins  c’est possible. Par où commencer ? Le secteur de la mobilité a déjà commencé. Comment les transports peuvent y parvenir ? Il s’agit d’un des secteurs les plus exposés à cette transition, car cela sous-entend de nouvelles énergies pour maintenir les services et les réseaux de transport existants. Sachant que la démographie urbaine est de de plus en plus dense, les solutions pour désengorger les axes de circulation sont un enjeu majeur pour le bon fonctionnement des villes. Cela va permettre de commencer à prendre certaines décisions, et évaluer les priorités territoriales pour répondre à la transition énergétique.

Le consommateur va être amené à payer plus cher dans un futur proche, il aura donc besoin de trouver des intérêts à cette participation financière imposée. Par exemple, c’est plus cher de faire une isolation pour la maison existante afin qu’elle devienne plus « écologique ». Actuellement, seuls certains ménages peuvent engager ce type d’aménagement. Il paraît pour le moins nécessaire de poursuivre le dialogue avec les Etats, afin que l’intérêt du consommateur soit suscité.

Les entreprises sont dans une démarche de prix interne du carbone. Comment réduire le risque par rapport à ces investissements de décarbonation sur le long terme ? Il existe des technologies pour du bas carbone donc pourquoi pas plus de développement ? Car les investissements sont lourds. L’Allemagne est le premier pays au monde à avoir une politique énergétique, tout en étant le premier émetteur au monde de CO2/habitant ! La France est le pays où il y a le plus de nucléaire d’un point de vue mondial, mais le sujet latent est la réalité de son coût.

L’intérêt de la COP22 est l’Afrique, pas uniquement le Maroc, car il s’agit du continent le plus en difficulté quant à l’accessibilité aux énergies, d’autant plus renouvelables. Cela favorise davantage le décalage avec les pays industrialisés. Tous les continents n’étant pas égaux, cela semble irréaliste de fixer les mêmes objectifs et les atteindre dans les mêmes délais à l’ensemble des pays.

Il y a une nécessité d’adapter le marché., car il ne peut y avoir des coûts fixes faibles et en parallèle des prix fixes très élevés.

La sécurité d’approvisionnement fait partie de l’idéal d’une politique énergétique. Aujourd’hui beaucoup d’actuels et futurs dirigeants ne sont pas tous d’accord pour ratifier l’Accord de Paris. La population civile doit alors s’investir et agir. Seul un engagement fort de la société incitera les politiques à se positionner.

L’analyse géopolitique et les relations internationales sont fondamentales pour la politique énergétique à venir. Les priorités des pays varient selon la richesse dont ils disposent. Les plus riches doivent prendre le leadership sur ce sujet pour donner l’impulsion. Exemple : la Chine, beaucoup de nos entreprises sont là-bas. Nous participons donc activement à leurs émissions gigantesques de CO2. Il s’agit d’agir en amont pour éviter ce type de situation.

Les questions énergétiques sont centrales d’un point de vue mondial et les approches sont différentes suivant les pays. La question des équilibres géographiques territoriaux humains est également au centre de l’attention. Chacun a des droits mais aussi des devoirs. Il y a une forte différence entre l’hémisphère nord qui surconsomme au détriment de l’hémisphère sud qui n’a pas assez d’énergie. Comment parvenir à un équilibre ?

Présentation de solutions innovantes en matière d’énergies renouvelables. L’une d’entre elles est de fabriquer du carburant liquide carboné (Méthane). Cela implique trois types d’acteurs :

  • Les distributeurs de carbone
  • Le secteur électrique
  • Le transport et les industries qui produisent du CO2

Le Méthane peut être une solution très intéressante pour le transport maritime. Cela est équivalent au Gaz Naturel Liquéfié (GNL). En Chine, certains véhicules fonctionnent 100% au Méthanol. Le résultat a été une baisse importante de la consommation/km.

Autre idée innovante est de produire de l’énergie éolienne en ville. Les deux gros clients sont les particuliers et les réseaux. La biodiversité est à intégrer. Concernant l’électricité, la production et la consommation doivent être égales. Le consommateur doit s’adapter à la production. L’essor du renouvelable augmente le besoin de flexibilité.

Au cours de l’intervention de la Ministre du Logement et de l’Habitat Durable, Emmanuelle Cosse, il a été clairement affirmé qu’il n’y aura de résultat qu’au terme d’un long travail. Nous sommes dans une « période positive pour la construction ». Il y a une augmentation massive des permis délivrés (logements, exploitations agricoles…). Cela va donc permettre une amélioration de la qualité de la construction, ainsi qu’une accélération de la mise en place opérationnelle de la transition énergétique. La nouvelle réglementation environnementale sera unique en matière de construction. Les deux enjeux que sont l’énergie et le carbone, doivent être liés, mais également l’ambition environnementale et le réalisme.

Le développement de la construction neuve ne représente que 1% du parc de logement. Or le véritable enjeu est la rénovation, d’un point de vue environnemental social. Objectif : 100.000 logements rénovés/an à partir de 2017. Le programme se déploie sur tout le territoire pour atteindre 500.000 logements/an prochainement.

Encore une fois sans la mobilisation collective nous ne pourrons pas avancer. Faire partager le besoin d’innovation pour améliorer le cadre de vie des français. La volonté politique est essentielle pour y parvenir, et donner « une route » à suivre aux industriels. Il n’existe cependant pas de solution miracle, sachant que chaque territoire possède ses propres caractéristiques.

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Jean-Pascal Archimbaud, Dirigeant des scieries Archimbaud (crédit photo P.Brullon)

Nous sommes en retard par rapport aux pays européens et au Japon. Le problème de stationnement est central ainsi que celui des embouteillages. La question à poser aux élus locaux/maires serait : « Qu’est-ce que vous faîtes pour faire entrer votre parc automobile dans le cadre de la transition énergétique ? ».

Il existe le Gaz Naturel Véhicule (GNV) différent du GPL. Il se développe pour les transports en commun à défaut d’être utilisé pour les véhicules particuliers. Grâce aux transports de marchandises, la flotte de véhicules au gaz pourra se développer et être intégrée comme alternative énergétique.

Il ne s’agit pas d’avoir qu’une vision de l’habitat, mais de la ville dans sa globalité. Quel modèle économique durable va créer de la valeur et être viable ? Les enjeux énergétiques de la ville de demain sont capitaux, que ce soit pour les transports, la démographie, la gestion des ressources, l’accès à l’information entre autres. La ville durable se doit d’être intelligente et résiliente, c’est-à-dire que son fonctionnement doit être capable de faire face aux aléas. L’utilisation des TIC est importante pour améliorer la qualité des services urbains ou encore pour baisser les coûts.

La Loi DDADUE du 16 juillet 2013, rend obligatoire un audit énergétique tous les 4 ans pour pérenniser les grandes entreprises. Le management de l’énergie est au cœur du business model de l’entreprise.

Primagaz a mis au point du gaz renouvelable, le bio GPL. Il peut être utilisé pour tous les usages à l’identique du GPL, c’est 100% compatible. D’ailleurs, le bio GPL peut être mélangé au GPL, et peut réduire en moyenne de 80% les émissions de CO2. Il s’agit d’une première mondiale. Cette nouvelle énergie est destinée à l’habitat neuf, l’habitat social et à la mobilité, qui sont les 3 marchés cibles en France.

La ville de demain combine attractivité, urbanisation et les enjeux environnementaux. Les stratégies d’actions sont à déployer sur toutes les mailles existantes du territoire. L’usager doit être acteur de ses consommations, afin de se responsabiliser. Cela permettra une optimisation de l’utilisation énergétique. Recherche d’optimisation dans les besoins d’usage, le comportement humain est très important pour l’évolution des solutions et des innovations.

Concernant l’agro-agriculture, la question de la logistique est fondamentale. Il existe une centrale biomasse à Labouheyre (LANDES) mise en route en 2015. Il s’agit de trouver des solutions pour palier au transport par camion, ou bien trouver une alternative pour le carburant, qui soit fiable et rentable.

Selon la FNAB, il existe une analogie contemporaine due à l’utilisation des énergies fossiles. La transition est difficile à mettre en œuvre dans l’agriculture. Il y a une surproduction structurelle dans notre pays. En même temps, notre pays possède une identité alimentaire qui va de pair avec l’identité culturelle. D’où un important focus sur l’alimentation et son impact d’un point de vue économique, social et environnemental.

Nous pouvons constater une croissance vertigineuse de l’agriculture bio et de sa production. Cela représente 6 milliards de chiffres d’affaires, avec une prévision à 10 milliards à l’horizon 2020. Il y a 30.000 fermes bio en France, ce qui équivaut à 1,2 millions d’hectares et 5% des surfaces. 400 magasins existent et connaissent une croissance de 22% par an. Le pari est qu’en 2030 l’agriculture soit totalement bio.

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Guillaume Riou, Secrétaire Général de la FNAB (crédit photo P.Brullon)

Une multitude d’acteurs est concernée en amont de la vente de ces produits bio, pour arriver à un mode de production et de consommation durable et respectueux de l’environnement.

L’idée est que chacun puisse trouver sa place dans un contexte mondial désordonné, où la démographie explose, les ressources s’amenuisent et les richesses restent inégalement réparties.

Comment réussir à œuvrer pour un équilibre entre préservation de l’environnement et amélioration de la qualité de vie de chacun ? Quelles solutions peuvent être apportées pour y parvenir ?

La COP22qui se tiendra à Marrakech en novembre 2016, apportera-t-ell des réponses à ces interrogations? Résoudra -t-elle quelques paradoxes de la croissance bas Carbonne?


Table ronde nouveaux métiers et formations de la transition énergétique

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